La proptech en Europe : 4 tendances et bientôt les premières licornes ?

Les solutions digitales telles que celles proposées par les entreprises proptech ne cessent de gagner du terrain dans les secteurs de l’immobilier et de la finance, et ce à juste titre : elles permettent aux professionnels de l’immobilier de construire et entretenir la relation client, de gagner en efficacité ou encore d’économiser du temps et des ressources. La transformation digitale est bel et bien en marche depuis des années pour la proptech et l’immobilier !

Pendant longtemps, le marché immobilier a été considéré comme un secteur plus classique, encore peu digitalisé, reposant principalement sur le contact direct avec le client. Mais depuis ces dernières années, on entend de plus en plus souvent parler de jeunes pousses, de startups de la proptech et d’acteurs de l’immobilier ayant réussi à s’imposer sur les marchés européens. Celles-ci proposent des solutions digitales pour optimiser toutes les étapes de la chaîne de valeur immobilière, de la prospection à la transaction, en passant par la gestion locative, l’investissement locatif, le développement de projets immobiliers ou encore le secteur de la construction.

Cette transition vers les plateformes digitales et vers les nouvelles technologies a déjà, et continuera d’avoir des conséquences potentiellement profondes dans de nombreux domaines. La proptech transforme l’immobilier de nombreuses manières, et ce terme peut faire référence à de nombreux sous-sujets du secteur immobilier.

Cet article a pour but d’évoquer quelques unes des dernières évolutions et innovations technologiques de la proptech, en quoi elle révolutionne l’activité des professionnels de l’immobilier et la situation actuelle du marché européen.

Mais qu’est-ce que la proptech ?

La proptech (pour Property Technology) recouvre le développement de logiciels pour tout ou partie du cycle de vie immobilier.

Les solutions proptech utilisent des technologies de pointe, de la visite virtuelle en réalité augmentée au machine learning pour l’estimation immobilière, en passant par les solutions de marketing immobilier et la modélisation des données du bâtiment, pour optimiser les différentes phases d’investissement et de gestion immobilière. L’intérêt pour les solutions proptech est partagé par un large éventail d’acteurs, qu’il s’agisse d’entreprises établies, d’entrepreneurs, de sociétés technologiques ou de professionnels de l’immobilier comme les agences immobilières, tous cherchant à bénéficier de ces solutions pour leurs clients et leurs process.

La scène proptech vient ainsi compléter une série de solutions technologiques : les FinTech du secteur financier, les LegalTech pour l’élaboration et la gestion des contrats et les ConTech de l’industrie de la construction. Les points communs ou de convergence ne sont pas rares.

Le recoupement avec le secteur FinTech est souvent le plus important, ce dernier entretenant des relations étroites avec l’industrie immobilière. Le fait que le secteur des FinTech ait plusieurs années d’avance sur le marché immobilier est un secret de Polichinelle. C’est particulièrement intéressant pour les investisseurs, car il est ainsi possible de mieux comprendre les évolutions actuelles du secteur proptech, mais aussi de mieux les anticiper. 

Penchons-nous à présent sur le marché européen de la proptech et ses caractéristiques spécifiques, notamment par rapport au marché américain. Poursuivez votre lecture pour en savoir plus !

Des marchés fragmentés, une vision commune : les proptechs dans les marchés immobiliers européens

En Europe, les sociétés proptech doivent faire face à des défis plus complexes qu’aux États-Unis, le leader mondial. L’une des principales raisons est la segmentation. L’Europe se compose d’une multitude de pays, et les processus de réflexion et de planification sont plus complexes, nécessitant de prendre en considération les législations, langues, cultures et normes propres à chaque marché immobilier.

Malgré quelques différences entre États, le marché américain est quant à lui globalement homogène. Les marchés immobiliers européens sont cependant fragmentés par nature. Mais cela peut aussi être vu comme un avantage : les entreprises proptech européennes sont déjà expérimentées en matière de localisation. Cette compétence peut être utile pour s’implanter à l’international. 

L’accès des startups de la proptech au financement est un autre point sur lequel on note de grandes différences par rapport aux États-Unis. Or, les levées de fonds sont indispensables à la croissance sur le long terme de ces start-ups, surtout pour celles qui ambitionnent de devenir des licornes valorisées à plus d’un milliard de dollars. Les proptech européennes sont nombreuses à vouloir se délocaliser aux États-Unis ; des initiatives comme le réseau de la German proptech Initiative en Allemagne ou le programme de financement ESCALAR de la Commission européenne sont donc là pour soutenir les entreprises du secteur proptech au cours de leur croissance, et pour les inciter à rester en Europe.

Pourquoi n’existe-t-il pas encore de licorne proptech en Europe ?

D’une manière générale, la scène proptech européenne s’est lancée un peu plus tard que ses précurseurs américains. Les particularités déjà évoquées des marchés européens peuvent aussi jouer un rôle. Mais la probabilité qu’une licorne proptech puisse s’établir en Europe est bonne si certains facteurs restent d’actualité : augmenter la pénétration du marché malgré la fragmentation, miser sur l’évolutivité et l’innovation disruptive, mettre à disposition suffisamment de financements.

La bonne nouvelle est que, en termes de levées de fonds, le marché européen de la proptech est sur la bonne voie, affichant des performances exceptionnelles en 2021 en récoltant 20 % des investissements mondiaux. Les proptechs européennes ont réussi à attirer plus de 200 investissements en capital-risque pour la somme de 3,8 milliards d’euros, ce qui représente un taux de croissance de 350 % par rapport à l’année précédente, selon PitchBook (spécialiste des données sur les marchés de capitaux). Mais comment replacer ces chiffres dans leur contexte ? À titre de comparaison, examinons les chiffres du marché américain :

De 2021 à 2022, les États-Unis, qui accueillent le nombre le plus important d’entreprises proptech, ont attiré la plus grande part des investissements, avec plus de 14 milliards de dollars en année fiscale, soit près de 70 % de l’investissement total, selon le baromètre annuel « Proptech Global Trends 2022 » du gouvernement monégasque en coopération avec l’ESCP Business School. Le premier pays européen (la France) arrive en troisième position avec 600 millions de dollars d’investissements, suivi par le Royaume-Uni avec environ 440 millions de dollars.

Imaginer l’avenir : quatre proptech qui révolutionnent le marché immobilier européen

Sur la base de ces analyses et d’autres observations, on constate que quatre grandes tendances ont fait leur apparition sur la scène proptech européenne :

1) Digitalisation des processus

Le transfert des processus de gestion et de vente vers le digital suit l’évolution du comportement des acheteurs et représente un excellent moyen d’optimiser et d’économiser les ressources. Présente dans de nombreux pays, la signature électronique tend ainsi à s’imposer pour conclure des contrats de manière rapide depuis un ordinateur ou autre appareil. On peut également citer l’automatisation des tâches pour la gestion des bâtiments (par exemple les paiements et la comptabilité en ligne) ainsi que le traitement dématérialisé des demandes de réparation et de la planification des opérations de maintenance. De plus, en raison de la pandémie de coronavirus, une tendance s’est particulièrement développée : les visites virtuelles.

Des fournisseurs comme Nodalview, spécialisés dans ce domaine, facilitent la vie des courtiers grâce à des plateformes qui proposent des photos, des vidéos, des visites en 3D, etc.

Des entreprises plus généralistes telles que Meero sont également utilisées à des fins immobilières. Cette start-up française, qui a acquis le statut très envié de licorne en seulement trois ans, offre aux agents immobiliers une application leur permettant de prendre des photos de qualité et permet de les retoucher et les optimiser grâce à l’intelligence artificielle.

Toutefois, la digitalisation ne concerne pas seulement les processus back-end, elle s’opère également du côté des clients.

2) Digitalisation des tâches du quotidien et du mode de vie

Les tâches de routine et activités quotidiennes se déroulent de plus en plus sur des plateformes digitales offrant une expérience utilisateur de qualité. L’application HqOS reflète particulièrement ceci sur le marché immobilier. Tout comme la technologie smart home, smart real estate et smart building, elle se focalise sur l’interconnexion et la gestion des bureaux et d’autres biens immobiliers commerciaux au niveau digital.

Présenté comme un « système d’exploitation pour l’expérience locataire », HqOS permet de concevoir des espaces intelligents qui ajoutent une dimension digitale à l’expérience client du locataire et occupant d’un bien immobilier. Et pour les propriétaires, l’application propose des capacités d’analyse des données et de gestion des locataires leur permettant d’améliorer leur stratégie de location.

3) Crowdinvesting immobilier

En ce qui concerne les investissements, un concept bien répandu ailleurs s’impose actuellement dans le monde de l’immobilier : le crowdfunding, ou plutôt le crowdinvesting. Permettant d’investir de plus faibles montants, il favorise l’émergence d’investisseurs généralement jeunes, auparavant peu enclins à se lancer dans l’investissement immobilier en raison de barrières à l’entrée dissuasives.

Ainsi, la start-up IMMO Capital travaille avec des portefeuilles de propriétés résidentielles dans des marchés européens d’excellence, comme Londres ou Hambourg. En se focalisant sur des unités résidentielles individuelles, par exemple des copropriétés plutôt qu’un bloc résidentiel entier, l’entreprise de gestion de placements permet d’accéder à une partie du marché immobilier souvent délaissée par les grands investisseurs.

4) Solutions basées sur des données et sur l’IA

Pour de nombreux acteurs du marché immobilier, il est nécessaire d’avoir accès à des données et des analyses fiables. Grâce aux innovations dans la collecte et le traitement des données, celles-ci sont plus accessibles et pertinentes qu’elles ne l’ont jamais été, si l’on sait comment s’y prendre.

C’est précisément là qu’intervient PriceHubble. Ses solutions innovantes pour l’estimation immobilière et l’analyse recouvrent l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur et s’adressent aux agents immobiliers, aux banques et services financiers, aux gestionnaires de patrimoine et plus encore.

Les applications de PriceHubble réunissent des données permettant d’offrir des analyses approfondies du marché de l’immobilier résidentiel. Grâce à ses algorithmes, PriceHubble permet aux professionnels d’estimee un bien et d’analyser le marché en quelques clics, et de déterminer avec précision la valeur sur le marché et le prix à la location de n’importe quel bien résidentiel. Ces informations constituent ainsi une base fiable pour la prise de décision.

Dans le cadre de cette tendance, les tâches répétitives sont aussi de plus en plus automatisées. Le Property Tracker de PriceHubble permet par exemple aux professionnels d’envoyer automatiquement des mises à jour sur la valeur de leur bien aux propriétaires clients. PriceHubble accompagne ainsi l’ensemble du cycle de vie d’un bien immobilier.

La révolution proptech : regard sur l’avenir

La « vraie proptech » n’est pas la seule à façonner, à élargir et à modifier le marché immobilier à l’échelle du monde digital. Prenons par exemple la technologie blockchain : si celle-ci n’a pas été développée spécifiquement pour le marché immobilier, les professionnels et agents immobiliers s’attendent à observer son impact à moyen terme sur les transactions immobilières. 

De manière générale, la proptech promet d’apporter une contribution déterminante pour faire évoluer les interactions dans le marché immobilier. Il va être particulièrement intéressant d’observer les conséquences à long terme de la crise du coronavirus sur les marchés immobiliers et leur évolution. Une chose est certaine : la pandémie a considérablement accéléré les besoins en matière de digitalisation. Depuis la fin du COVID-19, certaines entreprises immobilières ont opéré un retour vers des procédés plus traditionnels… Cela dit, en observant d’autres industries, on constate qu’en règle générale, la numérisation ne peut pas être freinée, et encore moins inversée.

Il est donc de la responsabilité des différents acteurs du marché immobilier de voir la digitalisation comme un défi. Celui-ci pourra être relevé grâce à l’utilisation ciblée de la proptech et à une attitude proactive face aux tendances qui se dessinent. Des opportunités de développement encore plus importantes pourraient même apparaître. D’autant plus que l’Europe attend toujours sa première licorne proptech. Alors que les réseaux sociaux, le développement durable et la performance énergétique demeurent des éléments clés dans le monde de l’immobilier, des tendances comme l’accès à la donnée en temps réel et les bâtiments intelligents pourraient jouer un rôle de plus en plus déterminant dans l’avenir du secteur.

D’une manière générale, les entreprises technologiques, le machine learning et les solutions basées sur l’IA vont continuer à révolutionner le secteur de l’immobilier en Europe, le transformant en classe d’actifs attractive pour les investisseurs, les acquéreurs et les locataires. Si les États-Unis sont actuellement en tête pour le capital-risque et les start-ups, la scène proptech britannique et d’autres marchés européens gagnent du terrain. De là à imaginer que des licornes proptech pourraient bientôt devenir une réalité en Europe, il n’y a peut-être qu’un petit pas à franchir.