La Capital Requirements Regulation III (CRR III, parfois écrite CRR3 ou CRR 3) est entrée en vigueur le 1er janvier 2025, apportant des changements fondamentaux dans le calcul des Risk-Weighted Assets (RWA) pour les banques opérant dans l’Union européenne. La réforme CRR III vise à renforcer la résilience du secteur bancaire et du système financier dans son ensemble, et à instaurer une approche plus transparente et sensible au risque pour déterminer les exigences de fonds propres, en prévoyant des marges de sécurité accrues et une différenciation des classes d’exposition au risque. Un accent particulier est mis sur le financement immobilier, que ce soit dans l’immobilier commercial (CRE) ou résidentiel (RRE), secteurs largement impactés par ces nouvelles dispositions. Elle s’inscrit dans la continuité de CRD 4 et annonce déjà des évolutions à venir avec CRD6, qui viendra compléter le cadre prudentiel européen.
Dans cet article, nous explorons les origines et les implications du règlement CRR III, ses effets spécifiques sur le secteur immobilier et les stratégies que peuvent adopter les banques pour répondre à ces nouvelles exigences.
Qu’est-ce que le règlement CRR III ?
Surnommé « Finalisation de Bâle III » voire « Bâle IV », le règlement CRR III s’appuie sur les règles établies par le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire (BCBS). En parallèle avec les amendements de la directive CRD VI, ces règles ont été perfectionnées par l’Autorité bancaire européenne (ABE, ou EBA en anglais) afin d’intégrer des cadres de risque modernes, incluant les risques de marché, des méthodologies de stress testing et des analyses des taux de perte. Malgré les retards induits par la pandémie, la Commission européenne a proposé le 1er janvier 2025 comme date d’entrée en vigueur – une décision précédée de négociations entre le Conseil de l’Union européenne et le Parlement européen, ainsi que d’intenses discussions trilogues en 2023. Certaines exigences, comme l’Output Floor, seront introduites de manière échelonnée jusqu’en 2030.
Le CRR III ne constitue pas une initiative isolée. Ce règlement s’inscrit dans un agenda de réformes plus global incluant la fundamental review of the trading book (FRTB) pour le traitement des portefeuilles de négociation et le CVA, qui vise à mieux refléter les risques de crédit liés aux dérivés. Ces mesures, combinées à CRD6, forment un socle réglementaire plus robuste qui encadre l’ensemble du secteur bancaire européen.
L’objectif est de renforcer la résilience du secteur bancaire européen à travers des procédures plus transparentes et sensibles au risque, en recourant à des modèles internes et en optimisant les exigences de reporting. Par ailleurs, des approches modernes, telles que les approches notations internes (IRB), sont encouragées afin d’améliorer le processus d’octroi de crédit et l’évaluation réglementaire des prêts dans leur globalité. Comparativement au CRR II, des éléments comme l’approche standard du risque de crédit (CRSA, ou Credit Risk Standardised Approach, en anglais) et le facteur de conversion de crédit (CCF) entrent désormais dans le calcul du risque de crédit et des exigences en fonds propres. Parallèlement, les autorités de supervision nationales ou européennes (comme la Banque centrale européenne ou l’ACPR) jouent un rôle central dans l'application de ce nouveau cadre.