L’introduction des exigences de fonds propres de Bâle III (ou Bâle 3, Basel III en anglais) à la fin de l’année 2010 par le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire (BCBS) auprès de la Banque des règlements internationaux (BRI), et sa mise en œuvre progressive dans l’Union européenne à partir de 2014 ont marqué un tournant majeur dans le paysage réglementaire du secteur bancaire.
En complément des exigences strictes en fonds propres minimaux et en capital de base, les accords de Bâle III introduisent de nouvelles règles qui imposent aux établissements en Europe et en France de réaligner leurs processus de contrôle interne ainsi que leurs systèmes de gestion des risques — incluant des mesures pour atténuer le risque opérationnel — afin de satisfaire aux exigences accrues en matière de capital réglementaire et de liquidité. S’appuyant sur les enseignements tirés de Bâle II et corrigeant les faiblesses révélées lors de la crise financière mondiale, Bâle III intègre plusieurs amendements visant à renforcer l’évaluation des risques fondée sur le capital et à stabiliser davantage le système bancaire européen, renforçant ainsi la stabilité financière.
Dans cet article, nous analysons l’impact concret de Bâle III sur les banques sous l’angle du financement immobilier. Nous nous concentrerons principalement sur les défis liés à l’évaluation interne, à la préparation des données et aux services de conseil client. Nous nous pencherons également sur la façon dont les solutions digitales peuvent aider les banques à mieux gérer leur bilan et leurs expositions, tout en libérant de nouveaux potentiels de revenus. Cela concerne non seulement les banques nationales, mais aussi celles actives à l’international sur plusieurs juridictions.
Qu’est-ce que Bâle III ?
Les réformes de Bâle III ont été conçues en réponse à la crise des subprimes, afin de stabiliser le système financier et de minimiser les risques systémiques dans le secteur bancaire. En plus d’augmenter les exigences en fonds propres via une base de capital ajustée et un accroissement des fonds propres, l’accent est mis sur des normes de liquidité renforcées et un contrôle des risques amélioré. Par ailleurs, les exigences en capital sont complétées par un coussin de capital composé de fonds propres de haute qualité. Le ratio de levier (LR), le ratio de liquidité à court terme (LCR) et le ratio de liquidité à long terme (NSFR) complètent les outils réglementaires disponibles, formant ainsi un cadre global intégré.
Après l’adoption du paquet CRD IV/CRR (Directive sur les exigences de fonds propres IV / Règlement sur les exigences de fonds propres) par le Parlement européen le 17 avril 2013, Bâle III a été transposé en droit européen. À l’issue des négociations entre le Parlement, le Conseil et la Commission européenne, il est finalement entré en vigueur le 1er janvier 2014 dans le cadre de la mise en œuvre progressive de Bâle III.
Contrairement à Bâle I, qui définissait principalement des exigences minimales de fonds propres, Bâle III intègre des éléments tels que l’approche standardisée pour l’évaluation des risques et le l’Output Floor, garantissant que les résultats issus des modèles internes ne soient pas sous-évalués. Des périodes transitoires permettent aux établissements d’ajuster progressivement leurs niveaux de capital et leurs règles en la matière.